Le temps
Combien de fois disons nous par semaine, par jour,… « je n’ai pas le temps », « pas maintenant, je dois me dépêcher »…
Les sollicitations sont sans cesse et continuelles. A un tel point que nous en arrivons à utiliser parfois plusieurs écrans différents en même temps. L’instantanéité des informations fait que nous ne sommes plus capables d’attendre. Nous voulons des réponses tout de suite, nous ne voulons plus attendre nulle part,… le temps qui file devient stressant.
Le pire dans tout cela est que nous habituons notre cerveau à cette vitesse, à cette instantanéité et nous nous habituons à ne plus attendre. Pourtant, ce sont les moments d’attente et de vagabondage de la pensée qui nous permettent à la fois de créer et de nous recentrer sur nous-mêmes1. « lorsque l’on fait une pause, certaines parties de notre cerveau vont s’activer et l’on peut partir dans ses pensées (le mind wandering en anglais). Non seulement cet état nous rafraîchit les neurones (les substances neurochimiques utiles à la prise de décision sont restaurées), mais « notre cerveau est engagé dans un processus créatif de résolution de problèmes »2. Relaxer ses neurones est ainsi extrêmement utile pour générer des idées lumineuses ! »3.S’accorder des moments de recul, de pratiques « psycho-corporelles»4 permet de diminuer le stress. Ce qui ne peut être que bénéfique puisque le stress joue un rôle non négligeable en tant « qu’aggravateur » de nombreuses
pathologies. D’autres effets bénéfiques sont imputés au fait de pratiquer des exercices incitant la reconnection au moment présent1, la détente,… (Méditation, cohérence cardiaque,…) et notamment sur l’amélioration des défenses immunitaires2.
Ce sont les avancées technologiques qui sont en cause, certes, mais nous aussi avons notre part de responsabilité, en acceptant de nous prêter au jeu, en refusant de tenir loin de nous les objets qui nous permettront d’être connectés avec le monde. De fait, il n’est pas rare de répondre à la fois à ses mails et de regarder les messages sur son téléphone. De plus en plus, nous travaillons en mode multi-tâches. Nous ne prenons plus le temps de nous poser pour pouvoir nous concentrer sur une chose. Pire encore, nous n’acceptons plus les délais inhérents aux contraintes imposées par les tâches. Nous finissons par nous imposer à nous-mêmes ce que nous regrettons et dénonçons chez les autres : des contraintes de temps extrêmement courtes. Le temps qui file devient alors stressant face à la masse de choses que nous sommes amenés à faire dans un délai de plus en plus court. Il devient de ce fait un stresseur au travail.
Savoir reprendre les rênes du temps, c’est donc pouvoir reprendre en main sa propre construction du temps. Il s’agit avant tout de retrouver « du pouvoir d’agir ».En effet, avoir l’impression que letemps nous échappe, c’est ne pas croire que nous avons nous-mêmes le pouvoir de mettre en place des actions permettant de se recentrer sur le moment présent, au travail comme à la maison. Mais c’est aussi accepter de n’avoir aucune prise sur la pression du temps imposée par les nouvelles technologies de l’information.
De fait, prendre conscience que nous pouvons prendre notre temps, que nous sommes notre propre maître du temps, c’est accepter également que nos biorythmes ont une temporalité. C’est, par exemple, accepter que le travail de changement qui pourrait être entrepris dans une démarche de transition professionnelle peut prendre du temps.
Cathy KREMPPER
Psychologue du Travail – Mulhouse – InVia
Un GRAND MERCI à Christelle Lauret pour tous ses conseils et sa relecture active.
1-A voir pour se faire une idée https://www.youtube.com/watch?time_continue=56&v=Kv_DVGXmEHQ
2-Newberg et Waldman, 2016, p.102
3-« les petites voix : Quand l’intuition toque à la porte d’un cerveau rationnel » – Christelle Lauret, p. 57
4-Ce mot fait référence à diverses pratiques telles que la relaxation, le yoga, le Gi-Qong, la méditation de pleine conscience…
5-« on peut souligner la vogue contemporaine d’une sorte de « philosophie de l’instant » qui promeut une immersion méthodique dans le moment présent (cf le succès de la pratique de la méditation – qui est l’opposé du vagabondage mental » – Laurent Vercueil (Docteur en Médecine, Spécialiste en Neurologie, Docteur en Neurosciences, HDR. Responsable de l’unité des Explorations Fonctionnelles du Système Nerveux au CHU de Grenoble. Membre de l’équipe 9 del’unité INSRM 1216 à l’institut des Neurosciences de Grenoble)
6- http://www.christellelauret.com/uncategorized/une-appli-gratuite-pour-diminuer-son-stress/